Le tiki de Picasso

Le tiki de Picasso

La rencontre avec le tiki

Tiki de Picasso

Pablo Picasso visite la collection d’Art africain et océanien du Musée d’Ethnographie du Trocadéro à Paris en 1907.

L’odeur d’humidité et de moisi me saisit à la gorge.

J’en fus si déprimé que je ne cherchai qu’à quitter le plus vite possible cet endroit .

Soudain je compris pourquoi j’étais un peintre.

Il se passionne très vite pour les arts dits premiers, et tout particulièrement pour l’art océanien.

À tel point, qu’il devient dès 1919 un érudit en matière de tiki !

Picasso dans son atelier en compagnie de Brigitte Bardot (© Jerome Brierre)
Picasso dans son atelier en compagnie de Brigitte Bardot
(© Jérôme Brierre)

Son atelier ressemble à un véritable cabinet de curiosités. André Salmon, poète, critique d’art et écrivain français, décrit ainsi son atelier du boulevard de Clichy :

Grimaçant depuis chaque meuble se trouvent d’étranges figures de bois qui sont parmi les sculptures les plus magnifiques d’art africain et polynésien. Bien avant que Picasso ne vous montre son propre travail, il vous permet d’admirer ces merveilles d’art primitif…

Picasso fait l’acquisition de son tiki marquisien en 1911. Il l’aurait déniché au marché aux puces de Paris ou par l’intermédiaire de son ami poète Guillaume Apollinaire.

Il le conservera auprès de lui toute sa vie.

Guillaume Apollinaire et le Tiki des Marquises
Guillaume Apollinaire et le Tiki des Marquises

Les tikis de Polynésie

Ces sculptures anthropomorphes appelées tikis (tiki en marquisien, ti’i en tahitien) représentent les dieux et les ancêtres déifiés.

Aux Marquises, les tikis sont depuis toujours sculptés dans le bois, la pierre et d’autres encore étaient sculptés à partir d’os humains.

Ils sont l’œuvre de talentueux artistes appelés tuhuna ta’ai tiki.

Le tuhuna trace d’abord les grandes lignes, puis commence à sculpter de bas en haut, des jambes à la tête.

Pour le visage, il grave toujours la bouche en premier, et termine par les yeux, expressifs et puissants.

Durant sa sculpture, les tuhuna peut exécuter des rituels spéciaux. Les tikis sont en effet considérés comme sacrés. Ils sont les réceptacles ou véhicules pour des esprits ancestraux convoqués par le spécialiste des rituels (tahua).

Des formes précises et codées

D’importants tikis en pierre ou en bois se trouvaient sur les sites rituels appelés me’ae, généralement disposés sur la plus haute plateforme. Des offrandes comme des fruits, des légumes (parfois même issues de sacrifices d’animaux ou humains) étaient déposées près des statues.

Ces tikis étaient vêtus de tapa (tissu d’écorce) sacré, blancs et ornés de couronnes de fleurs ou de coquillages.

Les tikis en pierre (tiki ke’a) sont généralement plus trapus et accroupis, plus bas que ceux qui sont taillés dans le bois (tiki akau).

Tous regardent vers l’avant, ont les genoux légèrement pliés, les bras près de leur corps, et les mains posées sur le ventre, considéré comme le centre des émotions.

Ils peuvent être homme ou femme, mais les organes génitaux sont rarement exposés.

La tête est très imposante et constitue manifestement la partie la plus effrayante du corps.

Le visage est doté d’un large nez plat et la bouche est représentée par une large fente étirée d’où sort le bout d’une langue.

Les yeux sont largement ouverts et enfoncés, avec un arc sculpté au-dessus, représentant les sourcils.

Le sommet de la tête est le plus souvent plat, mais peut également prendre la forme d’un dôme. Certains érudits pensent que la façon dont le haut de la tête est représenté différencie les différentes îles ou même les différentes vallées…

Le corps des tikis marquisiens est souvent démuni de tatau, bien que certains présentent quelques tatouages isolés.

Qu’est devenu le Tiki de Pablo Picasso ?

45 ans après la mort du peintre, le tiki de Picasso est toujours conservé dans sa famille.

Tiki marquisien de Picasso (© L.A. Rudzinoff / welcome-tahiti.com)
Tiki marquisien de Picasso (© L.A. Rudzinoff / welcome-tahiti.com)

 

(Source : welcome-tahiti.com)

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