Le Miroir de sorcière

Le Miroir de sorcière

“Ton oeil, Seigneur, atteint toute chose sans inflexion. Si notre oeil s’infléchit vers l’objet, c’est que notre regard voit suivant un angle limité dans l’espace. En revanche, l’angle décrit par ton oeil, mon Dieu, n’est pas limité dans l’espace mais est infini ; il est le cercle, plus encore : la sphère infinie. Car ton regard est l’oeil de la sphéricité et de la perfection infinie.”

Nicolas de Cues, Le tableau ou la vision de Dieu, 145

Miroir de banquier

Le Miroir de sorcière, connu également sous le nom d’Œil de sorcière, ou Miroir de banquier, fut rendu populaire par les tableaux des peintres flamands du XVe siècle. Ces derniers y virent en effet un excellent moyen de faire des expériences sur l’optique et surtout un excellent exercice de perspective.

Quentin Metsys - Le Prêteur et sa femme
Quentin Metsys “Le Prêteur et sa femme”, 1514 (Musée du Louvre – Paris)

Le miroir sorcière se distingue des autres miroirs par sa forme convexe. Il est constitué d’un verre bombé vers l’extérieur, caractéristique esthétique mais surtout pratique. Cette spécificité permet à ses possesseurs de voir l’ensemble d’une pièce, sans avoir à se déplacer ou à se tourner. C’est la raison pour laquelle ces miroirs avaient une fonction de surveillance. Ils étaient ainsi placés dans des lieux où l’on trouve aujourd’hui des caméras de surveillance, à savoir dans les banques et les boutiques ; d’où son nom de miroir de banquier.

Petrus Christus - Un orfèvre dans son atelier, peut-être saint Éloi
Petrus Christus “Un orfèvre dans son atelier, peut-être saint Éloi”, 1449
(Metropolitan Museum of Art de New York)

Miroir convexe

Les miroirs convexes furent appelés Miroirs de sorcière parce qu’on leur attribuait des pouvoirs magiques. Populaires dans les foyers flamands, ils étaient placés en face d’une fenêtre, et permettaient de diffuser beaucoup de lumière dans l’intérieur des maisons. Ils sont restés une tradition de l’Europe du Nord.

Jan van Eyck - Les Époux Arnolfini
Jan van Eyck “Les Époux Arnolfini”, 1434 (National Gallery Londres)

Œil de sorcière

Véritable troisième oeil, ce miroir fut adopté et intégré dans les intérieurs bourgeois. L’Œil de sorcière était réservé à une clientèle riche qui avait les moyens de se l’offrir, et qui montrait bien souvent une méfiance toute particulière envers une domesticité jugée peu fiable. Objet de crainte en ces périodes où les superstitions étaient nombreuses, certains domestiques pensaient qu’en l’absence du maître, l’œil voyait !

Füssli, Les 3 sorcières, huile sur toile, 1782
Johann Heinrich Füssli “Les 3 sorcières”, 1782 (Kunsthaus Zürich – Suisse)

Contrairement aux caméras discrètes d’aujourd’hui, il fallait que ce miroir soit vu. Il était donc souvent installé en évidence, paré de cadres somptueux parfois même incrusté de plus petits miroirs, accentuant ainsi l’effet de surveillance. On murmurait même que le miroir sorcière permettait de protéger les habitants du logis.

Miroir soleil

Progressivement, ce miroir devint familier et apprécié parce qu’il diffusait la lumière des lampes et des fenêtres jusque dans les coins les plus sombres des pièces.

William Orpen “Le Miroir”, 1900 (Tate Gallery Londres)

Il finit par perdre sa vocation première, et se para de rayons en laiton ou en bois doré, devenant ainsi Miroir Soleil au XVIIe siècle. Sous le Second Empire, il était plutôt intégré aux cadres plus discrets Napoléon III.

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